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Chronique du Sud-Est n°1


Chronique du Sud Est n° 1 – La France, l’Europe et les petits lapins

Le climat qui entoure les élections européennes est indigne de la France. Notre pays est traditionnellement ouvert sur le monde, épris d’universel. Notre pays est aussi réputé pour être rationnel, cartésien. Pourquoi acceptons-nous un débat qui fait passer des sottises pour des vérités profondes ?
Nous sommes en 2014, au 21ème siècle. Cette semaine, la Chine aurait dépassé les Etats-Unis. Son essor serait même plus rapide que prévu. C’est un immense bouleversement. L’Allemagne est la première puissance d’Europe. Dans ce contexte, promettre aux Français qu’ils s’en sortiraient mieux tout seuls, grâce au retour au franc et à la fermeture des frontières, est une vaste fumisterie. Ces idées se répandent parce que nombre de Français souffrent. Mais elles mèneraient notre peuple dans le mur. Comment croire un instant que 60 millions de Français pourraient obtenir plus, dans des négociations internationales, qu’une Union européenne forte de 500 millions d’habitants ? Pourquoi se priver de l’influence et des outils juridiques que nous donne, en Europe, la participation aux institutions européennes ? Comment occulter les conséquences pour notre consommation et nos exportations, d’une fermeture des frontières ?
Nos téléphones portables ont, le plus souvent, été fabriqués en Asie. Nombre de logiciels et réseaux sociaux que nous utilisons chaque jour ont été créés en Amérique. L’Afrique nous alimente en énergie, en café, en chocolat. Ces continents sont aussi des clients pour nos avions Airbus, nos vins ou nos équipements, sans parler des touristes qui viennent en France en nombre. L’échange, avec nos voisins de la zone euro, sans risque de change, avec les pays lointains, nous enrichit.
Bien sûr, l’Union européenne est imparfaite. Bien sûr, la zone euro est inachevée. Les renforcer, les rendre plus démocratiques est une urgence. Mais l’essentiel des problèmes français vient de France. « Bruxelles » n’est pas responsable de la mauvaise gestion de nos finances publiques, des failles de l’éducation nationale (relevées depuis des années par l’OCDE) ou du poids de nos charges sociales. La force de l’euro n’explique pas, à elle seule, le recul de nos exportations.
Etre eurosceptique est désormais chic. Pour poser un diagnostic honnête, sans doute faudrait-il être un peu plus nationalo-sceptique, sans pour autant sombrer dans le défaitisme qui est devenu la marque des souverainistes. Car en proposant de quitter l’euro et l’UE, ce sont eux qui doutent de la France. Ils font comme si elle était incapable de tenir sa parole et d’évoluer. Ma conviction est qu’au contraire, notre pays a un immense potentiel et peut reprendre sa place en Europe. Je le vois chaque jour dans mes visites de terrain. L’Europe aussi, qui est la seule construction démocratique supranationale au monde, au moment où la planète a besoin d’être gouvernée.
Travaillons à construire, pas à détruire. Nous respecterons plus la grandeur de la France et l’esprit européen qu’en cherchant le salut, comme des petits lapins, au fond de notre terrier.

Sylvie Goulard

 

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