« Le Président doit respecter ses engagements »
Interrogé par Françoise Fressoz et Francis Letellier sur le plateau du « 12/13 Dimanche », le président du Mouvement Démocrate a commenté l’actualité économique et politique en France.
Les relations avec la Russie sur la Syrie : « Il faut faire une hiérarchie des risques et Daech doit être le premier objectif »
Il y a 2 choses. D’abord, pour nous, la Russie doit être un partenaire pour l’avenir. Europe et Russie doivent construire ensemble. Ensuite il faut faire la hiérarchie des risques, des dangers, voir où est l’inacceptable et quelle progression suivre. Daech doit être le premier objectif, sortie de crise par le travail en commun avec Russie et Iran. C’est avec Vladimir qu’il faut préparer l’avenir, cette participation me paraît évident, de même que l’Iran et la Turquie.
Assad est un objectif de 2e rang. Il devra quitter le pouvoir dans une transition, la Russie ne dit pas autre chose. Il est très éloigné de ce que je crois bon pour un chef d’Etat. Je ne suis pas indulgent avec lui mais je sais qu’il faut hiérarchiser les urgences.
La situation économique en France : « Je pense qu’Air France est menacée. »
Je pense qu’Air France est menacée parce que les adaptations nécessaires n’ont pas été suffisamment faites. Je suis pour la réorganisation autour des principes que suivent chacune des grandes entreprises du monde. On n’a pas le droit de laisser fragiliser Air France, et on la fragilise aujourd’hui. Les adaptations doivent porter sur une organisation des vols différente, pour que les coûts soient différents et tout le monde le sait au sein de l’entreprise : personnels, syndicats, pilotes, tous les observateurs le savent.
Il y a un travail nécessaire à faire qui pourrait déboucher sur un référendum au sein d’Air France, cela permettrait de sortir des choses. Beaucoup d’entreprises le montrent. C’est une bonne méthode pour l’organisation et cela confronte directement les salariés aux choix qui concernent leur avenir. Il ne peut pas y avoir de monopole de la représentation, les salariés ont la légitimité nécessaire pour trancher des choix qui les concernent.
Budget 2016 : « Je trouve que la méthode du gouvernement est confuse et manque de long terme »
Le CICE ne marche pas car il est tellement compliqué que personne n’arrive à saisir le fonctionnement surtout au sein des PME, le travail nécessaire devait porter sur les charges. Cela est très confus et complexe dans la manière avec laquelle c’est mené. Je ne trouve pas que la méthode choisie par le gouvernement soit la méthode optimale. Ce qui manque c’est de rassurer, d’avoir une vision de long terme qui permet aux employeurs de ne pas avoir peur d’embaucher et qui permettrait d’avoir un droit du travail lisible.
Il y a une option que je n’aurai pas choisie : faire sortir des impôts un nombre croissant de Français, cela n’est ni moderne ni intéressant, ni juste, ni social. J’ai toujours défendu l’idée que, symboliquement, il fallait que l’impôt soit pour tous. L’idée que l’on concentre de plus en plus l’impôt sur un petit nombre de foyers est une idée qui ne me paraît pas équilibrée. Tout le monde paiera un impôt même s’il faut augmenter les salaires du montant de cet impôt. C’est l’impôt universel. On peut également imaginer qu’il soit accompagné du symétrique, c’est à dire l’impôt négatif qui veut dire qu’un certain nombre de foyers reçoit une aide, pour, par exemple, aider au retour au travail. Beaucoup aujourd’hui savent que lorsqu’ils retrouvent un travail, ils ne gagnent pas, ils perdent, ont des avantages qui disparaissent, c’est tout à fait anormal.
Présidentielles 2017 : « Toute personnalité de rassemblement est intéressante, et c’est Alain Juppé, qui, aujourd’hui, est susceptible de l’emporter »
On a besoin de sortir du schéma qui fait qu’une élection est une revanche de la précédente et démolisse ce que la précédente avait fait. Pour cela, il faut un homme de rassemblement, si Alain Juppé est choisi, je l’aiderai.
Toute personnalité de rassemblement est pour moi intéressante. Aujourd’hui, Alain Juppé est susceptible de l’emporter, et si vous multipliez les candidatures contre lui, c’est affaiblir sa ligne. Ce que je souhaiterai, c’est que François Fillon et Alain Juppé se rassemblent, ce serait mieux pour le pays, ce serait une clarification.
La ligne de fracture avec Nicolas Sarkozy est qu’il pratique l’idée qu’une candidature est plus dynamique si l’on oppose les gens entre eux, c’est très mauvais pour un pays en crise. Ce pays mérite qu’on le rassemble. Il y a beaucoup d’affrontements qui n’ont aucun sens, il est très difficile en France que des gens travaillent ensemble sans appartenir au même camp, c’est pourquoi nous en sommes là. En Allemagne, des partis différents travaillent ensemble. Si on peut apporter cette culture de travail, je le ferai.
Le front républicain est un accord entre état major de parti, cela ne se fera pas. Je souhaite que l’on s’adresse aux électeurs et les responsabiliser. Les partis politiques traditionnels sont à bout de souffle, en même temps que les institutions.
« Moranogate »
On entend cela partout dans beaucoup de secteurs de l’opinion. Ces histoires de races et de couleur de peau étouffent l’humanité depuis de siècles et des millénaires. Il y a des gens qui cherchent des sondages ou des succès faciles, ces gens-là nuisent à chacun d’entre nous, à la façon dont nous devons vivre. La crise et la faiblesse des responsables politiques en sont responsables.
Groupe de travail sur les institutions
J’en ai assez que l’on fasse des groupes de travail sur les institutions, je rappelle que le président avait pris des engagements, il n’a qu’à le faire. Il ne veut pas. Je pense que le septennat est une bêtise. Le fait qu’il y ait une concordance entre le temps présidentiel et le temps législatif est un progrès, à condition que la composition de l’assemble nationale change et que l’on ait tous les courants du pays représentés à l’intérieur.